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UN VIEUX BOUGRE

ceux de jadis, et sa fuite, son retour au pays où on l’avait oublié. Les faits plus proches, il se les rappelait imparfaitement.

C’était eux dont se souvenaient les femmes, soit qu’elles-mêmes, ou une mère, une sœur, elles eussent vu le vagabond prodigue se dresser à leur approche d’entre les épis ou à l’angle d’un mur, surgir de derrière une cabane de berger, un arbre, ou d’un fossé de la route, ses grands bras ouverts comme des ailes, la face odieuse de rut, soufflant à voix nette l’ordre bref de se taire. Il les tenait à merci, molles de peur, et il les lâchait si pleines de honte et d’effroi qu’elles n’osaient le dénoncer qu’au prêtre, pour se purifier. Des ans et des ans, il avait donc ranimé par l’épouvante et assouvi dans le viol ses sens impérieux qui l’avaient conduit aux quatre vents, vers de sauvages destins. Il en avouait, à chacune de ses victimes, assez pour qu’elles redoutassent sa vengeance. Longtemps après, lorsque l’amour de l’or froid les remplaça dans la satisfaction de son être, il leur imposait, par la lumière dure de ses prunelles, d’observer le pacte de