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UN VIEUX BOUGRE

de leurs jupes ; et les plus énervées se rongeaient la peau près des ongles. Mme Loriot-Moquin montrait une exaltation violente :

— J’comprends pas qu’j’aye rien dit à Loriot… y a dix ans… Ah ! oui, ça fait bien dix ans, d’la chose !… Avec sa poigne, il aurait bien eu raison d’Gaspard… et d’un p’tit avec !… Et on a toujours été prises, en plus !… Ah ! j’vous l’dis, moi, tant mieux pour lui qu’il est mort, l’vieux cochon, sans quoi !…

— C’est un satyre, qu’ils appell’nt ça, dans les journaux ! remarqua une jeune mère.

Gaspard ne l’avait pas saccagée. Elle rougit de son érudition, et elle embrassa à pleines lèvres le marmot qu’elle portait.

Quand un homme s’arrêtait en passant, les bavardes plaisantaient, pour qu’il ne surprît point leur conversation. Mais, lorsque le soir les eut dispersées, chacune à son foyer, elles confièrent à leurs époux l’histoire des voisines, des parentes, et, pour la fin, elles réservaient l’aveu qui pouvait rendre au mari sa gravité perdue. Les fumées qui montaient des toits vers les astres s’échappèrent un peu plus vite