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Page:Hirsch - Un vieux bougre, 1908.djvu/120

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UN VIEUX BOUGRE

Un garçon accourait, portant ses sabots sous le bras pour aller plus vite. À cinquante mètres du groupe, il parlait déjà ; mais on le questionnait, hommes et femmes l’entourèrent, impatients d’apprendre la nouvelle :

— Qu’é’qu’t’as vu, l’gas Roubeau ?

— Y a… qu’les Michel, tout est fermé chez eux… et qu’on n’entend rien…

— On n’entend rien ?

— J’ai mis l’oreille pour écouter… et j’ai entendu qu’l’horloge.

Le facteur préférait son histoire ; Loriot-Moquin méprisait en général l’apport d’autrui dans les conciliabules. Ils s’entretenaient avec importance, tandis que le jeune Roubeau répétait sans fin :

— Ils ont tout fermé et on n’entend pas un bruit chez eux…

Il était le fils du maire : quelque chose de la magistrature paternelle augmentait la valeur de sa déclaration, et on lui soumettait des hypothèses. Celle qui prévalut montrait les Michel suicidés sur leur lit ; et on s’imaginait l’affluence des journalistes parisiens au village.