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UN VIEUX BOUGRE

Les Michel avaient eu terriblement peur. Affalés sur le banc, dans le demi-jour lugubre de la salle, ils retenaient leur souffle, attentifs à ne pas se trahir par le moindre bruit et à épier tous ceux du dehors, le piétinement, les propos. Ils cherchaient à savoir qui était là, combien ils pouvaient être, ce qu’on disait ; et, dans leur effroi, ils percevaient un murmure confus où leur nom était le seul mot qu’ils distinguassent, avec des pas sur la route, des frôlements contre les panneaux de la porte et les volets ; car, pour mieux écouter, à l’exemple de Roubeau, les curieux, tour à tour, y collaient une joue.

Le couple suait la terreur. Hantés d’imaginations les plus tragiques, les Michel n’avaient pas reconnu l’apaisement progressif des bruits. Ce fut, soudain, un calme total, épouvantable et mystérieux. La femme gémissait :

— Jésus-Marie-Joseph ! qu’veulent-y nous faire ?

Michel ne bougeait point, assis, le menton entre ses poings, l’œil fixe. Tout à coup, il se dressa en disant :