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Page:Hirsch - Un vieux bougre, 1908.djvu/136

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UN VIEUX BOUGRE

Ce jour-là, elles l’avaient abattu plus encore. Il s’était refusé à sortir. Allongé sur le lit, suçant un bout de cigarette éteinte, il avait passé l’après-midi à méditer. Il ne jouissait pas de la paresse comme au régiment, où elle lui semblait exquise à cause de l’effort qu’on exigeait de ses camarades dans le même temps qu’il la goûtait. La veille, il avait été près de confesser au grand-père son envie de retourner au village. Gaspard s’était abandonné à une de ses narrations interminables et farouches ; — et il n’avait pas osé le pauvre aveu.

Ses lèvres le murmuraient pour son propre allègement, quand le soir tomba. L’ombre complice l’isolait des choses. Sa vision les remplaça peu à peu, et il se prit à sangloter de bonheur. Tel était le charme, qu’il croyait entendre la brise et la sentir qui frôlait sa peau. Et il regardait sa mère active, le père se mouvoir en boitant, la flamme qui léchait la marmite noire d’où s’échappait une vapeur odorante.

Il continua de pleurer, lorsque tout cela se fut évanoui, dissous par des voix. À celle de Mme Naton, dont la parole indistincte troubla