Page:Hirsch - Un vieux bougre, 1908.djvu/135

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
131
UN VIEUX BOUGRE

une île dans la plaine de Beauce, les travaux agricoles, l’odeur bonne de la terre quand le soc la blesse, il en avait la nostalgie décourageante. L’air natal manquait à ses poumons comme, à sa vue, les nuées épiques, les lignes du sol plat, les rideaux de peupliers au loin, et, rose dans l’aurore violacée, ou gris perle, tantôt ivoirine, parfois d’un jaune plus opulent que celui des blés, la flèche de Chartres ! Il revoyait aussi la maison de ses parents, la route, sa place à la table.

Et Mlle Rubis continuait :

— J’te dis qu’ça m’dégoûte, cette vie-là… et qu’j’en ai assez… d’perd’ma jeunesse avec toi… Si c’est pas malheureux, à présent, quand on a besoin d’un sou, d’avoir à l’demander à Youyou !… sans compter l’vieux et ses mauvaises humeurs qu’y faut supporter…

Ayant formulé son grief principal, elle éclatait de colère :

— Réponds, au moins, au lieu d’rouler des yeux d’merlan frit !

— Me tourmente pas, ma Marie, disait-il ; et il suivait ses mêmes pensées tristes.