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Page:Hirsch - Un vieux bougre, 1908.djvu/146

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UN VIEUX BOUGRE

Le vieux n’y gagne pas en renom. S’il eût été mort, on lui aurait beaucoup pardonné. Vif, il devra rendre compte de ses hardiesses envers les villageoises. Au fond, il a frustré la commune du bel assassinat dont il eût été la victime déplorée. Chacun nourrit ce grief, nul ne l’avoue, et le maréchal ferrant répète les même phrases sur l’honneur bousculé des femmes ou la fièvre qui alite Michel avec le délire.

De la route, on l’entend réclamer son fusil. L’accès éclate au crépuscule. Les cris montent, effroyables, vers les cieux qui s’éteignent. On va écouter, en silence ; puis, sur la place de la mairie, on revient échanger des impressions. Bientôt, un à un, sous des prétextes, les hommes s’éloignent pour entrer au débit, et les commères demeurent seules à débattre.

Elles plaignent la femme de Michel, elles la louent de faire brûler des cierges pour obtenir la guérison, et elles médisent du docteur qui arrive de Chartres en automobile tous les matins. La science ni Dieu ne soulageant le malade, elles accusent la première de faillir à