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Page:Hirsch - Un vieux bougre, 1908.djvu/159

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UN VIEUX BOUGRE

assaillait, des ongles et des dents. Le cabaretier avait envoyé quelqu’un avertir Michel chez ses parents. Il était accouru, puis, sans oser entrer, il avait demandé que l’on transportât l’aïeul dans sa maison.

Le corps inerte pesait lourd aux trois hommes qui le soulevèrent, deux par les pieds, et Loriot-Moquin par les épaules. Près de lui, Mlle Youyou marchait de côté pour supporter la tête.

Il faisait une nuit bleue de lune et vivante par les millions d’astres. Ils semblaient lui verser la fraîcheur qu’elle exhalait, trop pure pour ne pas contraindre au silence des hommes émus de flairer la mort. Un chien hurla et d’autres lui répondirent, dont les plaintes lugubres paraissaient sourdre de terre. Ensuite, c’est à peine si l’on entendit les sabots.

Quand on eut déposé Gaspard sur son lit, les curieux s’en furent, la peur aux entrailles, muets, se hâtant pour fuir le maléfice d’une destinée maudite.

Michel ayant clos la porte, il regarda les deux sœurs qui sanglotaient, embrassées. Il songeait à ses parents tellement vieillis en