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Page:Hirsch - Un vieux bougre, 1908.djvu/172

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UN VIEUX BOUGRE

Dans l’après-midi, ils eurent faim. Michel alla acheter du pain, de la charcuterie et du vin. Leur appétit passa, Gaspard ayant bougé. Jusqu’au soir qui tomba vite, il ne remua plus, mais on entendait davantage sa respiration.

— Si y d’mandait, à boire ? questionna Mlle Youyou.

— L’bouillon ou l’lait, y n’en voudrait pas…

C’est l’rhum qui va à sa nature… J’pourrais en chercher ? proposa Michel.

Elles le retinrent, parce que, la nuit venue, leur épouvante croissait. Mlle Youyou, quoiqu’elle fût très lasse, refusa de monter au grenier, même avec son aînée. Michel avait rallumé la lanterne qui, ayant servi la veille, répandait une clarté chiche. Ils burent et mangèrent, silencieusement, par besoin de s’occuper. Un gros papillon velu qui voletait les effraya comme un présage, à cause du bruit mou des ailes heurtant les murs. Ils suivaient des yeux son vol brisé, lorsque Gaspard, haletant, s’assit ; et il dirigea sur leur groupe ses prunelles lumineuses, terrifiées :

— Mabrouka… les chiens n’veulent pas