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UN VIEUX BOUGRE

planches, et le fleuve sifflait contre les coques. On entendait, en outre, du cabinet contigu de la roulotte, les cris des trois enfants et la voix fêlée dont la vieille leur prêchait le calme. La Mabrouka parlait dans ce bruit. Il semblait liguer ensemble tous les sons, pour défendre au profane l’intelligence des phrases contraires à la discrétion prescrite.

Gaspard écoutait, très maître de soi, affolé d’amour et séduit par l’invraisemblable. Elle, resplendissait de cette beauté effervescente qu’on a d’accomplir un acte mauvais, si, plus la faute en est lourde, plus on éprouvera l’orgueil et la passion de le perpétrer pour satisfaire le seul être qu’on adore. Elle dévoila que ces petits étaient nés de sa chair et que les vieux étaient les parents de son mari. Celui-ci, Ar’Guth, il avait dû mener une expédition dans les Flandres et la Hollande. Pour que son commandement fût lucide et ferme, on l’avait contraint de se séparer de sa famille. Ainsi, elle était venue en France.

Le délai révolu, on s’était mis en route pour l’empire allemand où Ar’Guth devait être