Aller au contenu

Page:Hirsch - Un vieux bougre, 1908.djvu/184

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
180
UN VIEUX BOUGRE

À mesure qu’on approchait de l’Allemagne, les vieux s’inquiétaient davantage. Ils parlaient à la Mabrouka d’une voix contenue et pressante. Elle devint soucieuse, après s’être emportée contre leur sagesse. Jusque dans les bras de Gaspard, elle appréhendait l’avenir. Quand elle avait gémi de luxure, la crainte renaissait en elle avec la notion des choses. Il questionna mollement d’abord ; puis, il menaça, afin de savoir. Elle résista ce qu’il fallait afin d’éprouver d’immenses bonheurs. Il apprit la solidarité des gens de Bohême et qu’ils lui disputeraient la Mabrouka, parce qu’il n’appartenait pas à leur peuple. Il tira le couteau qui était le présent nuptial qu’elle lui avait fait après s’être donnée. La grandeur farouche de ce geste l’enivra, et, par envie d’exaspérer encore le sentiment capable de l’avoir provoqué, elle livra les secrets de sa race nomade, ne pouvant plus rien livrer d’elle-même.

La voiture passait le Rhin, sur le pont de bateaux, à Mayence. Les caissons flottants répercutaient le vacarme des roues sur les