Page:Hirsch - Un vieux bougre, 1908.djvu/211

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
207
UN VIEUX BOUGRE

t’entends !… et l’ père, j’y défends ben d’ rien donner, bon sang !

— Six cents francs !… ça fait un compte !…

Elle semblait réfléchir dans ses yeux l’éclat de l’or, et, comme si elle avait tenu la somme, ses doigts se crispaient, les ongles blanchis d’appuyer sur sa poitrine plate. Michel poursuivait :

— Y crèv’ra plutôt qu’ d’en toucher un sou, l’ vieux !… Et tant qu’à ces putains, j’ les pouss’rai sur la rout’ de Paris à coups d’ sabots, si ça doit avancer nos affaires !…

— Faut pas d’ grands cris… des coups d’ force… Vaut mieux ruser…

— J’ veux m’ montrer eun’ bonn’ fois, la mère !… J’ suis un Michel autant que l’ grand-père… Ah ! il a beau dire qu’il était l’ grand Gaspard, dans son temps… Son temps est fait : c’est l’ mien qui commence !

— Tu causes ben, mon gas… Dam ! l’ régiment t’a débrouillé !… Bois donc encore ?… Une bouteille de bon, ça n’a jamais tué un homme !… Tant qu’à l’argent, moi, j’ai mon idée… Écoute… Mais bois donc sans fair’ la p’tit’ bouche…