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UN VIEUX BOUGRE

pourquoi Michel lui avait menti et elle ne se doutait point de sa responsabilité.

Gaspard souleva les paupières. Il s’éveillait ! un néant étrange et son cou était douloureux.

— Ça va mieux, l’ grand-père ?…

Il remua les lèvres pour parler ; on n’entendit rien. La Michel murmura :

— L ’p’tit s’connaissait plus… faut pas y en vouloir, voyez-vous…

Alors, il parvint à tourner la tête vers son petit-fils dont l’attitude misérable implorait pardon. Ses yeux se dévoilèrent jusqu’à recouvrer leur éclat dur et, dans un long soupir. il accepta la première défaite de sa vie de soixante-quinze ans de batailles et de stupre.

— Fini…

Ce mot lui échappa. On voyait l’effort de sa pensée aux rides grimaçantes de son front. Ils se penchaient vers son visage, filiaux, mus par l’instinct supérieur du sang, et ils vénéraient obscurément en ce vieillard brisé, toute la race qu’ils continuaient.