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UN VIEUX BOUGRE

— J’ suis un vieux bougre comme les autres à présent… dit-il.

Et, hochant la tête, il se remit à leur discrétion :

— Vous pouvez faire de moi c’ que vous voulez.

— On vous veut pas d’ mal, répondit la Michel.

Le boiteux lui pressa doucement une main, et Michel baisa l’autre. Il traduisit par ce geste inaccoutumé les sentiments exceptionnels qui élevaient son cœur simple. L’aïeul essayant de se redresser, il lui aida à s’asseoir.

Quelqu’un les observait depuis un certain temps, du dehors, par la fenêtre, sans avoir attiré leur attention. Une seconde figure parut à la vitre. Les indiscrets s’en détachèrent et il y eut des éclats d’une conversation vive.

— N’entre pas, quej’ te dis ! cria Mlle Youyou.

— Y vont pas m’ manger, penses-tu ! répliqua Mlle Rubis, et elle passa le seuil.

Devant qu’elle n’eût rien dit, frappée du spectacle qu’ils donnaient, Michel la renvoya :

— Fous-moi l’camp !