Page:Hirsch - Un vieux bougre, 1908.djvu/266

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
262
UN VIEUX BOUGRE

Maternelle, la bouche pincée, refoulant les larmes prêtes à jaillir qui l’eussent guérie de toute son amertume, elle entraîna sa cadette en pleurs ; et elle lui recommanda, tres bas :

— Pleure pas d’ vant ces croquants, ma pauv’ gosseline…

L’autre sanglota :

— Ça m’ fait tant d’ bien, si tu savais !…

Et les femmes, les hommes, ne ricanaient plus. Le garnement laissa tomber contre sa jambe la pierre qu’il gardait par bravade. Le curé qui sortait de l’église y rentra, maintenant ouverte la porte pour assister, de l’ombre encensée, à ce spectacle d’où rayonnait un silence auguste, mystérieux et doux. Lorsque les deux filles eurent disparu ; les langues se délièrent afin de médire. De nouveau, leur caquetage s’arrêta, Mme Loriot-Moquin ayant observé :

— Faut qu’ ça soye un tour à Gaspard… qu’ell’s fassent des jérémies à présent !…

Un nuage noir obscurcit le soleil à ce moment. Les souvenirs de chacune et de chacun par rapport à l’aïeul les influencèrent assez