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Page:Hirsch - Un vieux bougre, 1908.djvu/27

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UN VIEUX BOUGRE

Impassible, Michel se nettoyait les ongles avec une épingle à cheveux qu’il avait trouvée sous ses reins, dans le lit.

— Tout c’que j’te raconte et p’is rien, c’est la même chose…

— Mais non… j’comprends bien qu’tas d’la misère… et ça m’peine, bien sûr !…

— Ah ! j’savais bien, Michel !… mon chéri !…

Caressé, il soufflait d’aise ; mais, dans sa tête, le chiffre total de sa dépense fixait sa pensée. Mlle Rubis le berçait de paroles amoureuses. Elle remarqua pourtant :

— T’as les yeux tout ronds, Michel… t’es un peu saoul… Ah ! dis pas non !… ça s’connaît trop !

— Possib’… j’m’en fous… j’me fous d’tout… du tiers comm’du quart…

— Qu’est-c’qui t’prend ?

— Y m’prend qu’j’aime pas qu’on m’fasse d’la morale… Et zut ! La camouf’va pas durer et faut qu’j’m’trotte…

— Ah ! t’as bien l’temps avec un’permission d’la nuit !

Michel, obstiné, lâcha quelques mots vul-