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UN VIEUX BOUGRE

Arrivé au grenier, debout, il reprit son couteau et il tourna brusquement la lanterne. Une fuite de rats dans tous les sens, agita la paille. Il contempla Michel qui dormait sur le dos. La chemise ouverte montrait la chair rose de blond, depuis la gorge jusqu’au creux de l’estomac.

Il avança très près et il se mit sur un genou, d’aplomb, le manche de son arme bien en main, la lanterne au niveau le son épaule. Un effort de volonté plissa son front et les veines de ses tempes étaient gonflées. Les yeux du dormeur s’ouvrirent, vagues d’abord, et l’épouvante les agrandit quand Gaspard les eut captés dans la lumière froide des siens.

Cela dura moins d’une seconde. Le passé d’une race et son futur étaient confrontés dans ces deux êtres. Leurs visages, si pâles soudain, exprimèrent que chacun avait peur de soi-même.

Michel se souleva, d’un élan rapide. La lame entière lui entra dans le cou, à gauche, et il tomba comme une chose renversée, sur la paille rougie d’un jet intarissable de sang.