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Page:Hirsch - Un vieux bougre, 1908.djvu/39

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UN VIEUX BOUGRE

Il regardait ses pouces aboutés. Sa grosse tête de roux qui blanchit branlait, enfoncée dans les épaules massives. La femme huma une prise et lui offrit la tabatière :

— On n’est pas chanceux avec not’gas… soupira-t-elle.

Ils se turent, là-dessus. Ils écoutaient la pluie monotone, hantés de souvenirs, de regrets, se sentant très vieux tout à coup, comme si l’âge les avait épargnés jusque-là.

— Quoi donc ! C’est-y qu’y a un mort, là-ici, qu’tout s’y tait tellement ?…

Ils tressaillirent, n’ayant pas entendu la porte grincer.

Michel se leva, boitillant, et il dit :

— L’père… on s’tait, c’est qu’on a un’ lett’du fieu… et qu’all’ n’est point bonne en tout…

Gaspard Michel, l’aïeul, se déchaussa de ses sabots et il mit dans une encoignure son bâton.

— Quoi qu’y dit, l’morveux ? demanda-t-il.

Il avança pesamment ; ses larges pieds faisaient un bruit mou sur la terre battue.