Page:Hirsch - Un vieux bougre, 1908.djvu/47

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
43
UN VIEUX BOUGRE

versa à boire. Il but, et il frotta ses lèvres contre une manche de sa blouse :

— Y a pas d’quoi fair’des faces d’enterrement, pour la lettre au garçon !… C’qui met su’l’papier, c’est d’son âge… Ah ! faut ben qu’ça l’prenne quand ça m’quitte à c’te heure !… Y veut courir ?… qu’y coure, si la garce en vaut la farce !

La mère joignit les mains, et ses yeux, quêtant un recours, devinaient le bénitier invisible au fond de l’alcôve. Gaspard cracha et il reprit, sardonique :

— Voyons, ma fille, c’est pas avec toi qu’y peut coucher, quand même !

Dans son horreur de la honteuse parole, elle puisa le courage d’y répondre :

— Si c’n’est qu’ça, l’père, y a des fill’s, ici, qui n’d’mand’raient rien tant mieux qu’à s’marier… des honnêtes… et des belles… pour faire honneur à un garçon…

— Et toi… t’en dis ? questionna Gaspard.

Michel, les bras en anses, déclara, fort embarrassé :

— Moi… pardié !… j’dis comm’ma femme !…