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UN VIEUX BOUGRE

tiers, dans les bouges à soldats de Chartres, où il emmenait un babouin acquis en son dernier voyage et que tua bientôt le vent rapide sur la plaine.

Maintenant, à soixante-quinze ans, l’aïeul était assagi. La puissante volonté qui l’avait fait vaincre des fortunes rigoureuses, semblait l’armature inflexible de son corps parfaitement droit, agile à l’occasion et d’une maigreur qui était presque de la sveltesse. Il cachait ses pensées, ne parlant guère que pour ordonner, et il enfouissait de l’argent au pied de bornes hectométriques qu’il allait choisir à l’écart du village, après des heures de marche, les nuits sans lune.

Jamais il n’avait nommé sa femme défunte, et jamais il n’avait adressé un mot d’affection à son fils ni à sa bru. Au contraire, son petit-fils l’attendrissait. Ayant d’abord partagé ses jeux puérils, il en rechercha plus tard l’amitié, parce que, chez l’adolescent, il croyait reconnaître les traits de sa race impérieuse, têtue et fermée.

Quand il eut achevé de lire, Gaspard se