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Page:Hirsch - Un vieux bougre, 1908.djvu/68

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UN VIEUX BOUGRE

claire des pampas ou sur le plancher des navires.

Crachant le blasphème, la menace, la haine, il devenait le même homme furieux de luxure qu’une fille de Bohême avait déraciné des champs beaucerons et déchaîné par le monde. Un sang jeune soudain parcourait ses artères et il se sentait viril, capable de cette énergie qui le faisait un dominateur, en sa maturité fougueuse.

Michel et les deux femmes attendirent, glacés d’angoisse par la voix mâle dont résonnait l’escalier noir. Le bruit cessant, ils montèrent. À la porte, une inquiétude nouvelle les immobilisa.

Gaspard les flairant, il jeta un oreiller sur les pièces éparses, et il demeura droit à côté du lit, farouche, le visage en sueur, une écume aux commissures des lèvres.

Nul ne le questionna. De son couteau, il trancha le goulot d’un litre de rhum que Michel venait de poser sur la table de nuit et il but à longues gorgées.

— Ça va mieux, les enfants ! dit-il.