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UN VIEUX BOUGRE

drez !… On s’passait bien d’vous avant, on s’en pass’ra après ! s’écria-t-elle.

Gaspard la fixa, de ses yeux fouilleurs, tandis que Michel lui reprochait cette parole osée.

Elle soutint le regard et, sans bouger la tête, elle ordonna au timide de se taire.

Le vieux allongea le cou et, la mâchoire entre ses paumes, il posa ses coudes sur la table :

— J’veux savoir où qu’elle va coucher tous les soirs ? dit-il.

— « Où ça lui plaît », qu’elle vous a dit !… Faut-il vous l’répéter toutes les cinq minutes ?

Elle se dégagea de Michel qui l’avait prise par les épaules, et l’adjurait de ne point tenter la violence de l’aïeul. Elle poursuivit, grisée par sa première audace :

— Elle est bien libre de choisir ses amants !… Et, si vous t’nez à l’savoir, elle en a un… dans la maison… et qu’elle aime… et jeune ! beau !… aussi purée qu’vous avez d’argent !…

Gaspard boucha ses oreilles plates et, debout, il commanda :

— Michel, fais-la taire, où j’cognerais d’ssus ?