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Page:Histoire anonyme de la première croisade, trad. Bréhier, 1924.djvu/215

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duc Godefroi, le comte de Flandre, le comte de Normandie et les autres seigneurs se séparèrent de l’assemblée et se retirèrent à l’endroit où est la chaire de saint Pierre[1], afin de prononcer un arbitrage entre les deux. Puis, craignant que la marche vers le Saint-Sépulcre ne fût troublée, ils refusèrent de proclamer ouvertement leur décision[2]. À la fin, le comte de Saint-Gilles déclara : « Avant que la route du Saint-Sépulcre soit abandonnée, si Bohémond consent à venir avec nous, tout ce qu’auront approuvé nos pairs, c’est-à-dire le duc Godefroi, le comte de Flandre, Robert de Normandie et les autres seigneurs, j’y consens fidèlement, sauf en ce qui concerne ma fidélité à l’empereur[3]. »

Bohémond approuva entièrement ces paroles et tous deux jurèrent entre les mains des évêques que la marche vers le Saint-Sépulcre ne serait jamais troublée par eux d’aucune manière. Alors Bohémond tint conseil avec ses hommes, afin de garnir le château de la haute montagne en hommes et en vivres[4]. De même, le comte de Saint-Gilles tint conseil avec les siens pour garnir le palais de Cassian l’amiral[5] et la tour élevée sur la porte du pont du côté du port de Saint-Siméon[6], — pour les garnir, dis-je, en hommes et en vivres qui pussent durer longtemps.

[32.] — Cf. l’Appendice, p. 221.

  1. Dans le chœur de la cathédrale où était conservée la chaire de saint Pierre.
  2. Afin d’éviter une guerre entre Bohémond et Raimond. D’après Raimond d’Aguilers (14, p. 267-268), ils faillirent en venir aux armes, à la grande indignation des croisés qui menaçaient de détruire Antioche.
  3. La conférence aboutit donc à un compromis provisoire qui laisse la question en l’état, ce qui en fait un succès pour Bohémond.
  4. La citadelle d’Antioche où ses hommes tenaient seuls garnison.
  5. L’ancien palais de Iagi-Sian, situé en pleine ville.
  6. La porte de la Mahomerie, toujours occupée par les Provençaux.