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Page:Histoire anonyme de la première croisade, trad. Bréhier, 1924.djvu/22

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5. Les copies et remaniements du texte. — Mais Tudebode n’est pas le seul plagiaire des Gesta. Une autre chronique anonyme publiée par Mabillon sous le titre de : Historia belli sacri ou Histoire de la Guerre sainte[1], et écrite au moins après 1131, puisqu’elle mentionne la mort de Bohémond II, reproduit à peu près le texte de l’Anonyme en y ajoutant des renseignements tirés de Raimond d’Aguilers, de Raoul de Caen et d’autres témoignages inconnus. L’Expédition contre les Turcs, qui se trouve dans un manuscrit de Cambridge[2], est une compilation du même genre. Le récit de la première croisade, qui se trouve au livre IX de l’Histoire ecclésiastique d’Orderic Vital[3], est, sauf pour le récit du concile de Clermont, la reproduction plus ou moins abrégée du texte des Gesta.

Dès les dix premières années du xiie siècle, d’autres chroniqueurs ont entrepris de mettre en meilleur langage, de compléter et de développer le texte des Gesta. Ils l’ont en général délayé et obscurci, rendant confuses, grâce à leur insupportable verbiage, les données précises de l’Anonyme et amplifiant d’une manière ridicule les discours très sobres qu’ils trouvaient dans son texte. Tel est surtout le caractère de la chronique de Baudri, abbé de Bourgueil (1089-1107), écrite vers 1108[4] ; dans une mesure moindre de celle de Ro-

  1. Mabillon, Museum italicum, t. I (1687), p. 131-226. Rééditée dans le Recueil des historiens des croisades (Historiens occidentaux, t. III, p. 169 et suiv.) sous le titre de Tudebodus continuatus.
  2. Publiée dans le Recueil des historiens des croisades (Historiens occidentaux, t. III, p. 121 et suiv.) sous le texte des Gesta Francorum.
  3. Ce livre a été écrit vers 1135. Édition Le Prévost (Société de l’histoire de France), t. III, p. 463-624.
  4. Publiée par Thurot, dans le Recueil des historiens des croisades (Historiens occidentaux, t. IV, p. 1-111, et préface, p. vi-XII). Le latin de Baudri n’est pas beaucoup meilleur que celui de l’Anonyme, mais il cherche avant tout à transcrire en style noble,