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Page:Histoire anonyme de la première croisade, trad. Bréhier, 1924.djvu/239

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[37.] Et nous, exultant d’allégresse, nous parvînmes jusqu’à la cité de Jérusalem, le mardi, huit jours avant les ides de juin[1], et nous l’assiégeâmes admirablement[2]. Robert de Normandie l’assiégea du côté nord, près de l’église du premier martyr saint Étienne, à l’endroit où il fut lapidé pour le nom du Christ[3] ; à sa suite, était Robert, comte de Flandre. À l’ouest, ce furent le duc Godefroi et Tancrède[4] qui l’assiégèrent. Le comte de Saint-Gilles l’assiégea au midi, sur la montagne de Sion, vers l’église de sainte Marie, mère de Dieu, où le Seigneur célébra la Cène avec ses disciples[5].

Le troisième jour, Raimond Pilet et Raimond de Turenne[6] et plusieurs autres, désireux de combattre, se détachèrent de l’armée. Ils rencontrèrent deux cents Arabes, et ces chevaliers du Christ bataillèrent contre ces incrédules : Dieu aidant, ils eurent le dessus, en tuèrent un grand nombre et saisirent trente chevaux.

Le lundi[7], nous attaquâmes vigoureusement la ville, avec un tel élan que, si les échelles avaient été prêtes, la ville tombait en notre puissance. Cependant, nous détrui-

  1. Foucher de Chartres (I, 25, p. 354) et Albert d’Aix (V, 43, p. 461) mentionnent le passage par Emmaüs et la pointe poussée par Tancrède jusqu’à Bethléem. Le huitième jour avant les ides correspondrait au lundi 6 juin ; le jour indiqué (le mardi) cor- respond au 7 juin, et c’est la véritable date de l’arrivée devant Jérusalem ; elle est donnée par Tudebode (p. 102}.
  2. Sur la topographie de Jérusalem, voir la description du R. P. Hugue Vincent, Jérusalem, t. I : Jérusalem antique (Paris, 1912), et l’excellente carte topographique qui y est annexée.
  3. L’église Saint-Étienne était située en dehors de l’enceinte au nord, devant la porte du même nom.
  4. En face de la porte et de la Tour de David.
  5. Raimond de Saint-Gilles avait d’abord été placé à l’ouest, à côté de Godefroi, mais entre son camp et la muraille se trouvait une vallée qui rendait l’attaque difficile. Il se transporta au sud, sur la montagne de Sion (Raimond d’Aguilers, 20, p. 293). Sur le Cénacle et l’église Sainte-Marie, voir les PP. Vincent et Abel, Jérusalem nouvelle, t. II (1922), p. 421-481. La partie orientale de l’enceinte dominait la vallée de Cédron. De ce côté, aucune attaque n’était possible.
  6. Le 9 juin. Sur Raimond Pilet, voir p. 163 et 184. « Raimundus de Taurina » est le même que « Raimundus de Tentoria » cité p. 184.
  7. Le lundi 13 juin.