On peut donc conclure à l’identité de A³ et du manuscrit de la collection Petau dont s’est servi Bongars[1].
Le texte de son édition est divisé en quatre livres et en trente-neuf chapitres. Cette dernière subdivision n’existe pas dans les autres manuscrits ; on peut se demander si elle ne provient pas du manuscrit de Camden. Ce texte, dont les formes grammaticales sont aussi incorrectes, dont l’orthographe est aussi archaïque que dans la rédaction A, diffère, en outre, de celui des autres manuscrits par des variantes assez nombreuses empruntées sans doute au manuscrit de Camden. Or elles consistent toujours en additions au texte de la rédaction A ; elles ne sont pas très heureuses et n’ajoutent aucun renseignement nouveau au texte primitif. Elles donnent souvent l’impression de gloses, qui sont de pures tautologies. Où A dit simplement : « alii fugerunt », B ajoute : « alii, qui remanserunt vivi, fugerunt (chap. II). Un discours en style indirect dans A est reproduit en style direct dans B, tel le discours de Bohémond à ses troupes (chap. IV). Certains discours qui figurent dans B sont même inconnus aux autres textes (celui des évêques aux assiégés de Xérigordo, chap. II ; celui de Bohémond à son armée avant de partir pour Constantinople, chap. V). Certains passages très clairs dans A deviennent entièrement inintelligibles dans B, par exemple le récit des pourparlers de Bohémond avec les deux curopalates (chap. V). Ou bien si A se contente d’énumérer les noms des chefs, B gratifie chacun d’eux d’une épithète honorifique, « egregius, inclytus, etc. » (chap. IX-X).
- ↑ Dans un passage qui paraît corrompu dans tous les manuscrits et où le texte est assez difficile à établir, A³ et B ont une variante commune, inconnue aux autres manuscrits et dont le sens est inintelligible : « Illic fuit mortua maxima pars nostrorum equorum, eo quod multi eorum remanserunt pedites » (chap. X). Ici, Bongars a manifestement reproduit A².