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Page:Histoire anonyme de la première croisade, trad. Bréhier, 1924.djvu/37

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Or toutes ces gloses ou interpolations se retrouvent, parfois littéralement, parfois avec des variantes insignifiantes, dans les textes des plagiaires de l’Anonyme, surtout Tudebode et l’Historia belli sacri, mais aussi plus ou moins amplifiées ou résumées dans ceux de Robert le Moine, Baudri de Bourgueil, Guibert de Nogent. Qu’en conclure, sinon que tous ces auteurs ont dû se servir de manuscrits de l’Anonyme de la même famille que le manuscrit de Camden, utilisé par Bongars, et qui représentaient une deuxième rédaction de l’ouvrage, de forme aussi rude et barbare que la première, mais moins simple et plus verbeuse ? Il est clair que toutes ces scories doivent disparaître du texte si l’on veut remonter à la rédaction primitive, la seule authentique. Les précédents éditeurs, ceux des Historiens des croisades et Hagenmeyer avaient respecté toutes ces additions et les avaient incorporées à leur texte. Il nous a semblé indispensable de les éliminer, et l’on verra par les leçons de B, que nous avons rejetées en notes, à quel point le texte dégagé de ce poids mort reprend toute la franchise de son allure.

3. Troisième rédaction (manuscrits C). — Enfin il existe de l’Anonyme une édition corrigée et remaniée, tant au point de vue de l’orthographe que de la grammaire et de la clarté du texte ; nous la désignerons par C. Elle est représentée par trois manuscrits :

, manuscrit copié à la fin du xiie siècle, aujourd’hui à la bibliothèque de l’Escurial[1] (coté : D III 11), et qui provient de la collection d’Antoine Augustin, archevêque de Tarragone, mort en 1586.

  1. Le manuscrit est écrit sur parchemin en deux colonnes et comprend 21 folios. Au titre, une main a écrit cette mention dédaigneuse : « Sutorii sive potius incerti Itinerarium Hierosolymorum. »