Roger resta presque seul. Revenu en Sicile, il se plaignait et s’affligeait d’avoir perdu toute son armée[1].
De retour dans sa terre[2], le seigneur Bohémond se prépara avec zèle à prendre le chemin du Saint Sépulcre. Enfin, il traversa la mer avec son armée. Avec lui se trouvaient Tancrède, fils du marquis[3] ; le prince Richard et Renoul, son frère[4] ; Robert d’Ansa, Hermann de Cannes, Robert de Sourdeval ; Robert, fils de Tostain ; Onfroi, fils de Raoul ; Richard, fils du comte Renoul ; le comte de Russignolo et ses frères, Boel de Chartres, Aubré de Cagnano, Onfroi de Monte-Scabioso[5]. Tous firent la traversée aux frais de Bohémond[6] et abordèrent en Bulgarie[7], où ils trouvèrent en abondance le blé, le vin et tous les aliments utiles.
Puis ils descendirent dans la vallée d’Andronopolis[8] et attendirent que toute leur armée eût accompli le passage. Alors Bohémond tint conseil avec son armée, encourageant les siens, les exhortant à la bonté, à l’humilité et à s’abstenir de ravager cette terre qui appartenait à des chrétiens et
- ↑ Il dut abandonner le siège d’Amalfi (Chalandon, Histoire de la domination normande en Italie, t. I, p. 302).
- ↑ Bohémond était seigneur de Tarente, Oria, Otrante, Gallipoli, qu’il avait arrachés à son frère Roger (1086) (voir Chalandon, Histoire de la domination normande en Italie, t. I, p. 288).
- ↑ Voir ci-dessus, p. 15, note 8.
- ↑ Il s’agit de Richard du Principat. Voir ci-dessus, p. 13, n. 8.
- ↑ Tous ces chevaliers sont des Normands qui ont reçu des fiefs en Italie (Chalandon, op. cit., t. I, p. 302). Le Monte-Scabosio est identifié avec Monte-Scaglioso, château du diocèse de Matera (Basilicate).
- ↑ Ils font partie de la « maison » de Bohémond, qui, suivant l’usage féodal, pourvoit à leur entretien.
- ↑ D’après Albert d’Aix (II, 18, p. 312), les forces de Bohémond débarquèrent à Avlona (Valons) et Ourazzo. Le terme de « Bulgarie » désigne la Macédoine occidentale, qui avait été le centre de l’empire bulgare des schichmanides, soumis par Basile II en 1018.
- ↑ Vallée d’un affluent de la Voïoussa, probablement le Drino, au sud d’Argyrocastro, dont la vallée s’appelle encore « Dropoli ».