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Page:Histoire d’une âme (édition de 1912).pdf/62

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Sœur Thérèse de l’Enfant-Jésus.

illumine particulièrement chacune des âmes, grande ou petite, et tout correspond à son bien : comme dans la nature, les saisons sont disposées de manière à faire éclore, au jour marqué, la plus humble pâquerette.


Sans doute, ma Mère, vous vous demandez avec étonnement où je veux en venir ; car, jusqu’ici, je n’ai rien dit encore qui ressemble à l’histoire de ma vie ; mais ne m’avez-vous pas ordonné d’écrire sans contrainte ce qui me viendrait naturellement à la pensée ? Ce n’est donc pas ma vie proprement dite que vous trouverez dans ces pages ; ce sont mes pensées sur les grâces que Notre-Seigneur a daigné m’accorder.

Je me trouve à une époque de mon existence où je puis jeter un regard sur le passé ; mon âme s’est mûrie dans le creuset des épreuves intérieures et extérieures. Maintenant, comme la fleur après l’orage, je relève la tête, et je vois que se réalisent pour moi les paroles du psaume :

« Le Seigneur est mon Pasteur, je ne manquerai de rien. Il me fait reposer dans des pâturages agréables et fertiles ; Il me conduit doucement le long des eaux. Il conduit mon âme sans la fatiguer… Mais, lors même que je descendrais dans la vallée de l’ombre de la mort, je ne craindrais aucun mal, parce que vous serez avec moi, Seigneur [1]  ! »

Oui, toujours le Seigneur a été pour moi compatissant et rempli de douceur, lent à punir, et abondant en miséricordes [2]  ! Aussi, j’éprouve un réel bonheur à venir chanter près de vous, ma Mère, ses ineffables bienfaits. C’est pour vous seule que je vais écrire l’histoire de la petite fleur cueillie par Jésus ; cette pensée m’aidera à parler avec abandon, sans m’inquiéter ni du style, ni des nombreuses digressions que je vais faire ; un cœur de mère comprend

  1. Ps. xxii, 1, 2, 3, 4.
  2. Ps. cii, 8.