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Page:Histoire d’une âme (édition de 1912).pdf/64

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Sœur Thérèse de l’Enfant-Jésus.

mémoire les souvenirs de mon enfance que ces événements passés me semblent d’hier. Sans doute, Jésus voulait me faire connaître et apprécier la mère incomparable qu’il m’avait donnée. Hélas ! sa main divine me l’enleva bientôt pour la couronner dans le ciel.

Toute ma vie, le Seigneur s’est plu à m’entourer d’amour ; mes premiers souvenirs sont empreints des sourires et des caresses les plus tendres. Mais s’il avait placé près de moi tant d’amour, il en avait mis aussi dans mon petit cœur, le créant affectueux et sensible. On ne peut se figurer combien je chérissais mon père et ma mère ; je leur témoignais ma tendresse de mille manières, car j’étais très expansive ; toutefois, les moyens que j’employais alors me font rire aujourd’hui quand j’y pense.

Vous avez voulu, ma Mère, me mettre entre les mains les lettres de maman, adressées en ce temps-là à ma sœur Pauline, pensionnaire à la Visitation du Mans ; je me souviens parfaitement des traits qu’elles contiennent ; mais il me sera plus facile de citer simplement certains passages de ces lettres charmantes, souvent trop élogieuses à mon égard, étant dictées par l’amour maternel.

À l’appui de ce que je disais sur la manière de témoigner mon affection à mes parents, voici un mot de ma mère :

Le bébé est un lutin sans pareil, qui vient me caresser en me souhaitant la mort ! « Oh ! que je voudrais bien que tu mourrais, ma pauvre petite mère ! » On la gronde, mais elle s’excuse d’un air tout étonné en disant : « C’est pourtant pour que tu ailles au ciel, puisque tu dis qu’il faut mourir pour y aller ! » Elle souhaite de même la mort à son père quand elle est dans ses excès d’amour.
Cette pauvre mignonne ne veut point me quitter ; elle est continuellement près de moi et me suit avec bonheur, surtout au jardin. Quand je n’y suis pas, elle refuse d’y rester et pleure tant qu’on est obligé de me la ramener. De même, elle ne monterait