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Page:Histoire de Mademoiselle Brion, dite Comtesse de Launay, 1754.djvu/120

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HISTOIRE

que l’on étoit trop heureux de pouvoir m’offrir. Je n’ai jamais pu ſavoir qui étoit l’auteur de cette mauvaiſe plaiſanterie, & n’ai point vu depuis Mr. D....

Le peu que j’avois pu mettre de côté pendant le tems que j’avois été entretenue, fut bientôt diſſipé : je me trouvai une ſeconde fois dans la plus grande miſére ; j’avois tout mis en gage pour ſubſiſter : nous étions dans une ſaiſon morte. En Eté les parties ſont très-rares ; de plus, la guerre avoit enlevé le peu de Militaires qui font vivre les filles, pendant que les gens riches ſont ſur leurs terres à recolter de quoi fournir à leurs folies, & les faire briller pendant l’Hiver.

Voyant qu’il étoit inutile de paroître aux Thuilleries & au Palais Royal, je pris le parti que Manon me conſeilloit depuis long-tems : il falloit nous ſéparer ; c’étoit ce qui m’avoit toujours fait