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Page:Histoire de Mademoiselle Brion, dite Comtesse de Launay, 1754.djvu/121

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de Mlle. BRION.

différer. J’aimois Manon plus que moi-même ; auſſi jamais fille ſut-elle ſi bien ſe plier à tous mes caprices, & faire réuſſir toutes mes folies : je la quittai, en lui faiſant promettre de rentrer avec moi dès que ma fortune auroit changé de face. Des arrangemens différens, ſurvenus depuis, nous ont empêché de nous rejoindre.

Je fus demeurer chez Madame Silveſtre, femme du monde, entremetteuſe du bon ton, qui ſe mêloit de faire faire des parties avec toutes les filles entretenues de Paris. Madame Silveſtre ne recevoit chez elle que des filles jolies, qui ſe trouvoient endettées pour avoir reſté trop long-tems ſans entreteneur ; elle commençoit par aquitter toutes leurs dettes, & s’en dédommageoit enſuite amplement ſur le produit des parties qu’elle leur faiſoit faire. J’étois dans le cas, je devois, & ne poſ-