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Page:Histoire de Mademoiselle Brion, dite Comtesse de Launay, 1754.djvu/134

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HISTOIRE

que l’amour a de plus tendre, à ſolliciter mon élargiſſement.

Quelle retraite pour une femme du monde, qu’une maiſon où l’horreur fait ſon ſéjour, & où la perte de la liberté eſt le moindre des malheurs ! L’incertitude de mon ſort ne ſervoit qu’à augmenter mon déſeſpoir ; je me crus dès le troiſiéme jour, oubliée de tout l’univers ; je me trouvois entourée de victimes, que la part que je prenois à leur malheur, me peignoit auſſi innocentes que moi, & qui y étoient retenues depuis pluſieurs années, ſans eſpoir d’en jamais ſortir : je croyois dans leurs infortunes, lire mon ſort ; je n’enviſageois qu’un avenir éternellement malheureux : cette idée me jettoit dans le dernier déſeſpoir. Tandis que je m’abandonnois à tout le noir de mes réflexions, Mr. L.... ſollicitoit mon élargiſſement.