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Page:Histoire de Mademoiselle Brion, dite Comtesse de Launay, 1754.djvu/135

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de Mlle. BRION.

Mr. le Comte de P.... étant allé voyager, ma liberté n’étoit plus ſuſpecte à ſa famille : elle fut la premiére à travailler à me faire ſortir. Mr. L.... vint lui-même m’annoncer un bonheur que ſon amour lui rendoit commun : j’embraſſai mon Amant & mon libérateur. Si j’ai jamais gouté dans ma vie un bonheur bien parfait, ce fut dans cet inſtant : mon ame ſuffiſoit à peine à gouter tout l’excès de ma félicité ; le même moment qui me rendoit ma liberté, me mettoit dans les bras d’un Amant qui m’adoroit autant que je l’aimois.

Je me ſerois cru indigne de la tendreſſe de Mr. L.... ſi j’avois pu me décider à reparoître à Paris après la ſorte d’infamie attachée au ſéjour dont je ſortois ; je ne pouvois la cacher qu’en trouvant un prétexte à l’abſence que je venois de faire.