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Page:Histoire de Mademoiselle Brion, dite Comtesse de Launay, 1754.djvu/136

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HISTOIRE

Je lui propoſai de me faire entrer, pour quelque tems, dans un Couvent : il approuva fort mon deſſein, & nous travaillames à l’exécuter. Il eſt vrai qu’on pouvoit tirer mille conſéquences de mon gout pour la retraite ; mais aucune n’étoit auſſi humiliante que l’aveu de celle que je venois de faire.

J’entrai à Saint-H.... où je paſſois pour la femme d’un Officier, que ſes affaires avoient éloigné de Paris, & dont j’attendois le retour dans la ſolitude. Mr. L.... paſſoit pour mon frere ; on ne pouvoit pas trouver mauvais qu’il vînt me voir très-ſouvent : mais ſe voir au travers d’une grille, quand on s’aime beaucoup, c’eſt aigrir ſon mal, c’eſt avoir toujours préſent un bonheur dont on eſt privé : j’étois bien maîtreſſe d’en ſortir ; mais je voulois qu’on ſût dans Paris que j’y étois ; je comptois qu’on ſeroit dupe de mon