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Page:Histoire de Mademoiselle Brion, dite Comtesse de Launay, 1754.djvu/149

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de Mlle. BRION.

faiſoient aſſez voir les impreſſions que je faiſois ſur ſon cœur ; ſes petits ſoins recherchés, ſes reſpects me plurent ; tout, juſqu’à ſon ſilence, parloit en ſa faveur ; je l’aimai, je voulus me ſatiſfaire, & le rendre heureux. Une femme ſoumiſe au préjugé, & qui ſauroit ſe parer de la théorie du ſentiment, auroit bientôt d’un Lafleur fait un Amant déguiſé.

Mais ce vain artifice eſt peu fait pour mon cœur ; je ne rougirai point d’avouer que Lafleur me plaiſoit, quoique Lafleur. Je ne jouis pas long-tems d’un bonheur qu’on regardera, peut-être, comme humiliant. Mr. le Marquis de L.... le trouva un jour couché avec moi ; il eût pu ſacrifier mon Amant à ſa vengeance ; le mépris fut la ſeule arme dont il ſe ſervit. J’eus beau lui dire qu’on n’étoit point infidéle par libertinage, quand on aimoit par ſenti-