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Page:Histoire de Mademoiselle Brion, dite Comtesse de Launay, 1754.djvu/16

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HISTOIRE

mis de le ſoupçonner, mon pere le premier me l’auroit appris.

Comme je n’avois point d’autre lit que le ſien, étant le ſeul qui fût dans la maiſon, je me ſuis rappellée depuis, que le bon homme avoit eu toutes les peines du monde à ſe faire au veuvage. J’attribuois alors, tant j’étois innocente, à l’amitié paternelle, des careſſes, qui certainement lui rappelloient les doux momens qu’il avoit paſſés avec Madame ma mere. Je m’apperçus que les jours qu’il rentroit un peu gris, ce qui lui arrivoit ſouvent, ſa tendreſſe augmentoit. Auſſi je puis dire que je n’ai jamais vu ma mere lui reprocher l’argent qu’il dépenſoit au cabaret. Enfin, Madame, un bon jour il but tant, devint ſi tendre & ſi careſſant, que je fus forcée de quitter la maiſon paternelle.

Le premier uſage que je fis de ma