Aller au contenu

Page:Histoire de Mademoiselle Brion, dite Comtesse de Launay, 1754.djvu/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
65
de Mlle. BRION.

Par combien de victoires ne nous fait-il pas oublier une défaite qui eſt ſi néceſſaire à notre bonheur ? Déja quatre fois ma bouche collée ſur la ſienne, avoit reçu ſon dernier ſoupir ; & quatre fois par le partage de mon ame, j’avois créé chez lui un nouvel être. Cher Amant, il m’en ſouvient encore, tu ne recevois la vie que pour m’en faire un nouveau ſacrifice ; je n’acceptois ton offrande que pour avoir encore une fois le plaiſir de partager avec toi mon exiſtence. Momens voluptueux, jouiſſance précieuſe, inſtans dérobés à la divinité, pourquoi durez-vous ſi peu ! craignez-vous de vous multiplier aux dépens de notre être ? vous ſeuls nous attachez à la vie : peut-on regretter de la perdre par un excès de bonheur !

Epuiſés de fatigue & de plaiſirs, nous commencions à gouter les douceurs du ſommeil, quand je fus réveillée par les