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Page:Histoire de Mademoiselle Brion, dite Comtesse de Launay, 1754.djvu/76

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HISTOIRE

cris d’une jeune chatte que j’avois, dont un gros matou ſollicitoit les faveurs. Libertine comme je l’ai toujours été, je fus charmée de trouver un objet qui me retraçât le plaiſir que je venois de gouter : il me ſembloit avoir donné à toute la nature le ſignal du bonheur ; tout me paroiſſoit ne reſpirer l’amour que pour perpétuer ma félicité. J’éveillai mon cher de la V.... pour qu’il pût partager avec moi un plaiſir imaginaire, puiſque nous ne pouvions plus jouir autrement. Voyons, lui dis-je, des heureux, puiſqu’il ne nous eſt plus permis de l’être. Il trouva mon idée bien fole, & prit pourtant plaiſir au ſpectacle.

Il n’eſt point, je crois, d’animaux dans la nature qui ſe faſſent des déclarations d’un air d’auſſi mauvaiſe humeur ; chaque agacerie reſſembloit à une querelle qui alloit ſe terminer par un combat ſanglant. Le matou contoit