Page:Histoire de Marguerite, fille de Suzon, 1784.djvu/19

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dans une ſombre mélancolie qui expoſa mes jours. Ce fut cette charmante fille qui me rendit la vie, en me procurant un plaiſir qu’elle ne connoiſſoit pas plus que moi ; couchée ſous un arbre touffu & ſort épais, au pied duquel ſes rêveries l’avoient conduite, & cachée ſous ſes ombrageux feuillages, j’apperçus qu’elle avoit relevé ſes juppes pardeſſus ſa ceinture ; elle avoit la main à ce réduit divin, ce boſquet de Cythere qui fait notre bien & nos délices. Auſſi-tôt je volai vers elle ; l’innocence étoit peinte ſur ſon viſage, & ſes yeux inquiets,