Aller au contenu

Page:Histoire de Sainte Perpétue et de ses compagnons Librairie de J. Lefort 1885.djvu/472

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

II. Un autre jour, comme nous dînions, on vint tout à coup nous prendre pour nous interroger, et nous arrivâmes au Forum. Le bruit s’en répandit aussitôt dans les environs du Forum, et il se rassembla un peuple immense. Nous montâmes sur l’échafaud. Les autres, ayant été interrogés, confessèrent. On en vint à moi, et immédiatement apparut mon père avec mon fils, et il me tira en bas du gradin, et il me dit en suppliant : « Aie pitié de ton enfant. » Le procurateur Hilarianus, qui alors avait reçu le droit du glaive à la place du proconsul Minucius Timinianus qui était mort, me dit : « Épargne les cheveux blancs de ton père ! épargne l’enfance de ton fils ! Sacrifie pour le salut des empereurs. » Et je lui répondis :

« Je ne le fais pas. » Hilarianus : « Es-tu chrétienne ? » dit-il. Et je répondis :

« Je suis chrétienne. » Et comme mon père était toujours là pour me faire succomber, Hilarianus commanda de l’éloigner, et il fut frappé d’un coup de verge. Je souffris du mal fait à mon père, comme si moi-même j’avais été frappée, tant je compatissais à son infortunée vieillesse. Alors le juge prononça notre sentence à tous et nous condamna aux bêtes, et tout joyeux nous redescendîmes dans le cachot. Alors, comme mon enfant s’était habitué à recevoir le sein de moi et à demeurer avec moi dans le cachot, aussitôt j’envoie à mon père le diacre Pomponius pour le lui demander ; mais mon père ne voulut pas le donner. Et comme il plut ainsi à Dieu, l’enfant ne rechercha plus le sein et je n’y ressentis pas d’échauffement, afin que je ne fusse pas affectée de ma sollicitude pour mon enfant et de la douleur de mes mamelles. III. Peu de jours après, comme nous étions tous à prier, tout à coup, il m’échappa une parole au milieu de la prière, et je nommai Dinocrate ; et je fus