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Page:Histoire de Sainte Perpétue et de ses compagnons Librairie de J. Lefort 1885.djvu/473

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étonnée de ce qu’il ne m’était jamais venu à l’esprit jusqu’alors, et je m’affligeai en me rappelant son malheur. Et je connus aussitôt que j’étais digne et que je devais intercéder pour lui. Et je commençai à faire beaucoup de prières pour lui et à gémir devant le Seigneur. Immédiatement, cette même nuit, il me fut montré ceci dans une vision : « Je vis Dinocrate sortir d’un endroit ténébreux où il y avait beaucoup d’autres personnes avec lui. Il était haletant, et paraissait dévoré par une soif ardente. Son visage était sordide et pâle, et sa face conservait encore l’ulcère qu’il avait au moment de sa mort. C’était pour lui que j’avais prié. Entre lui et moi, il y avait un si grand espace, que nous ne pouvions pas nous approcher l’un de l’autre. Ensuite, dans l’endroit où était Dinocrate, il y avait une piscine pleine d’eau, entourée d’une margelle plus élevée que la stature de l’enfant, et Dinocrate s’élevait sur la pointe des pieds, comme s’il avait voulu boire. Je m’affligeais en voyant que cette piscine était pleine d’eau, et que cependant, à cause de la hauteur de la margelle, il ne pouvait se désaltérer. Je m’éveillai, et je connus que mon frère était dans la souffrance. Mais j’avais confiance que ma prière pourrait servir à sa peine, et je priais pour lui tous les jours, jusqu’à ce que nous passâmes à la prison militaire ; car nous devions combattre dans un munus castrense, à l’anniversaire du César Géta ; et je continuai ma prière pour lui, le jour et la nuit, gémissant et pleurant afin qu’il me fut donné.

IV. Mais le jour que nous restâmes dans les entraves, il me fut montré ceci : « Je