Page:Histoire de l'Académie Royale des Sciences et des Belles Lettres (1746).djvu/32

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

d’Archelaus raporte qu’il regardoit τὸ πὰν ἄπειρον (l’univers infini) comme le principe de toutes choses.

Socrate, quoique disciple d’Anaxagoras & d’Archelaus, negligea cependant la Philosophie naturelle à laquelle ils s’etoient appliqués, pour s’arreter uniquement à la contemplation des êtres immateriels ou des esprits. C’est la raison pour laquelle toutes les leçons qu’il donnoit à ses Disciples se bornoient à leur expliquer les principes de la Philosophie pratique ou de la Morale.

Les Disciples de Socrate, Xenophon, Criton, Thebée, Aristippe &c. suivirent en cela l’exemple de leur Maitre ; les fragmens que nous avons de leurs Ouvrages, ne faisant pas la moindre mention de la Philosophie naturelle.

Platon, qui etoit le plus celebre de tous les Disciples de Socrate, & qui avoit encore profité des lumieres des Philosophes Egyptiens & Pythagoriciens, dans les differens voyages qu’il avoit fait en Égypte, en Italie, &c. tacha d’etablir deux principes eternels & coëxistans, Dieu & la matiere. Il disoit que la matiere agitée sans ordre ni régle, avoit ensuite été disposée, & mise en ordre par la divinité dont le pouvoir lui avoit donné les differentes formes sous lesquelles elle paroit aujourd’hui. Plutarque & quelques autres Philosophes assurent, qu’à ces deux principes Platon en associoit une troisieme l’Idée, la Parole, ou la Raison (ἰδέαν, λόγον, λογισμόν.) Mais il paroit par plusieurs endroits de ses Ouvrages, & en particulier par le Timée, qu’il designoit sous ce nom, cette vertu efficace qui emanoit de l’essence divine pour la production de toutes choses. La même chose se confirme encore par un passage du Dialogue, intitulé Epinomide, où Platon appelle cette vertu operante, λόγον τῶν παντῶν θειότατον, ὅς ἔταξε τόν κόσμον, la raison la plus