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Page:Histoire de l'Asie centrale.pdf/52

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AFGHANISTAN

Rahmet oullah avait conçu le désir de devenir lui-même souverain ; il préparait et disposait peu à peu tous les moyens nécessaires pour atteindre ce but ; seulement, la crainte que lui inspiraient quelques émirs dévoués à Zéman Châh l’empêchait de dévoiler ses projets ; il songea à faire naître dans l’esprit du roi des préventions contre ces émirs, afin de pouvoir les faire mettre à mort. Il aurait ainsi affaibli le pouvoir de Zéman Châh et avancé ses propres affaires. Plein de cette pensée, il ne cessait, nuit et jour, de faire au roi des insinuations diaboliques : « Ces émirs lui disait-il, sont les ennemis de votre empire ; les lettres adressées au prince Mahmoud, ce sont eux qui les ont écrites ; ce sont eux encore qui ont encouragé Feth Aly Châh et provoqué la guerre ; il est nécessaire que nous les fassions disparaître du milieu de nous. » La fortune de Zéman Châh inclinant vers la ruine, les discours de ce ministre firent impression sur son esprit ; il s’imagina que ces personnages, ses partisans dévoués, étaient ses ennemis ; il consentit à leur exécution. Le vézir prit alors ses dispositions pour arrêter en un seul jour quatorze émirs ; Payendèh Khan Bârik Zey, général illustre, chef d’une tribu qui comptait soixante mille familles, et qui, de plus, avait contribué par ses efforts à placer Zéman Châh sur le trône, fut saisi par son ordre. Il avait vingt-deux fils, dont l’aîné se nommait Fethy Khan ; ce jour-là, Fethy Khan et ses frères s’enfuirent de Qandahâr et se rendirent d’une seule traite en Perse, auprès du prince Mahmoud.

Lorsque tous les émirs furent dans les fers, il y eut quelques jours d’attente et de répit ; Zéman Châh était