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Page:Histoire de l'Asie centrale.pdf/70

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AFGHANISTAN

arrêtèrent Mahmoud, qu’ils enfermèrent dans le Bâla Hiçar. Ils firent sortir de prison l’aveugle Zéman Châh, pour gouverner jusqu’à l’arrivée de Châh Choudja, et ils battirent le tambour et la timbale de la souveraineté au nom de ce dernier.

Cinq jours après, Châh Choudja fît son entrée dans Kâboul ; le peuple célébra son arrivée par des réjouissances. On conduisit Mahmoud devant Zéman Châh : « Qu’ordonnez-vous ? lui demanda-t-on. Il vous a privé de la vue, vous pouvez vous venger, décidez ! » Zéman Châh eut compassion de Mahmoud : « J’ai fait, dit-il, crever les yeux de mon frère, le prince Houmayoun ; Dieu (qu’il soit exalté !), m’en a justement puni. Un autre ne doit pas souffrir le châtiment que j’ai supporté ; et, pour que cette coutume barbare ne s’établisse pas, je lui pardonne ses fautes. »

Mahmoud fut ensuite enfermé dans le Bâla Hiçar et on lui attribua un revenu journalier ; le reste de ses aventures, sa fuite et son retour au pouvoir seront racontés plus tard, s’il plaît à Dieu.

On prétend que, lorsque Mahmoud fut conduit devant Zéman Châh, il pria qu’on lui permit de présenter une requête. On fit part de cette demande à Zéman Châh, qui répondit : « Qu’on le fasse venir et qu’il parle. » Mahmoud, en le voyant, se mit à pleurer et à gémir : « Ô lumière de mes yeux ! s’écria-t-il, ne me faites pas ce que je vous ai fait ; pardonnez-moi mon crime ! »

« Je te pardonne, répondit Zéman Châh, » puis on conduisit Mahmoud au Bâla Hiçar.

Mahmoud ne tarda pas à s’apercevoir bientôt de la négligence de la garnison du château, il se concerta avec les