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point fait, suivant toute probabilité, dans le but de ressusciter cette souveraineté passée, mais pour montrer aux deux plus puissants princes qui régnaient dans l’ancien royaume de Bourgogne, le comte de Savoie représentant l’élément français, et le duc de Zœringen représentant l’élément allemand, qu’il considérait comme non avenus des faits qui les avaient élevés à une si grande prospérité.

L’année suivante, Frédéric descend pour la seconde fois en Italie et, sur les rives du Pô, il réunit des jurisconsultes et les délégués des nombreuses souverainetés que ses prédécesseurs avaient laissé se former sur le sol italien. Là, on discute l’étendue des droits de l’empereur, et les jurisconsultes déclarent, d’après les textes du droit romain, que le César allemand a le pouvoir absolu. C’était anéantir tous les droits acquis pendant un siècle par les républiques et les seigneuries italiennes.

Humbert ne parut point à cette célèbre assemblée, connue sous le nom de Diète de Roncaglia, et s’y fit représenter par les évêques de Maurienne, de Turin et d’Ivrée. Il dut être singulièrement troublé par la décision qui y fut prise, car la Maison de Savoie avait étendu et consolidé sa puissance en même temps que les républiques italiennes : pendant la longue période d’inaction des empereurs, elle avait acquis des droits qui n’avaient point été confirmés par un diplôme impérial, seul titre efficace aux yeux de Frédéric Barberousse.

D’autres motifs contribuèrent encore à éloigner d’Humbert la faveur impériale. En 1139, Adrien IV étant mort, le cardinal Roland Bandinelli, de Vienne,détesté de l’empereur depuis l’assemblée de Besançon, fut porté sur le siège de Rome et prit le nom d’Alexandre III. Les partisans de l’empereur élurent un anti-pape, Victor III, auquel suc-