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son cousin germain, lui donna son nom. N’ayant que neuf années et demie quand il monta sur le trône, il donnait lieu de craindre que les troubles qui accompagnaient fréquemment la minorité des souverains, n’agitassent également la sienne ; mais, grâce aux sages précautions prises par son père Aymon dans l’organisation de sa tutelle, ces troubles furent conjurés, les finances furent sagement administrées, la justice rendue, les frontières gardées et même reculées.

En 1317, une alliance conclue entre la Savoie et la Bourgogne est cimentée par les fiançailles du jeune Amédée avec Jeanne, fille de Philippe, duc de Bourgogne. D’un âge encore trop peu avancé pour contracter mariage, elle fut, suivant l’usage de cette époque, conduite dans le pays de son fiancé pour y être élevée et habituée à sa future patrie ; le château du Bourget fut sa résidence. C’est à l’occasion de son arrivée qu’eurent lieu à Chambéry au mois de janvier suivant, ces fêtes célèbres dont le souvenir est resté vivant dans les annales de cette ville. Le comte convoqua la fleur de la noblesse des provinces de deçà les monts, soit de la Savoie, du Viennois, de l’Helvétie et de la Bresse. Pendant trois jours, il y eut joutes et tournois, surpassant tout ce qu’on avait vu précédemment dans ce genre ; Amédée avait 14 ans et fit preuve d’une force et d’une vaillance bien supérieures à son âge. Ce fut dans ces fêtes qu’il parut, le premier jour, portant un costume vert, monté sur un cheval caparaçonné en vert, suivi d’un nombreux cortège aux mêmes couleurs ; aussi le nom de Comte-Vert lui fut donné, et c’est sous cette appellation que l’histoire en a glorieusement transmis le souvenir à la postérité.

Ces réjouissances devaient être bientôt suivies d’un des