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à l’empereur d’Orient, qui lui était uni par des liens de parenté et à qui le roi de Bulgarie et le sultan faisaient une guerre cruelle. Voyant que l’honneur de la chrétienté était intéressé, il y consentit. A peine de retour en Savoie, il fait, malgré la défection de ses alliés, les préparatifs de cette expédition lointaine, laisse le gouvernement de ses États à Bonne de Bourbon et donne rendez-vous à ses troupes à Venise, au mois de mai 1366. Il s’embarque, suivi de l’élite de la noblesse de ses provinces et des pays voisins, marche de triomphe en triomphe, rend la liberté à Jean Paléologue, l’amène à la foi catholique et revient, un an après, couvert de l’éclat de cette croisade qu’il avait accomplie seul.

Aussi, depuis lors, il n’eut plus d’égal en Europe. Toutes les grandes questions de l’Italie furent résolues par la sagesse de son jugement ou par la force de son épée. Il se déclare le défenseur des héritiers de Montferrat contre les Visconti : il entre, l’année suivante (1372), dans une grande ligue formée contre eux entre le pape, l’empereur et plusieurs souverains de l’Italie. Nommé capitaine général, il conduit triomphalement les troupes fédérées dans tout le nord de l’Italie, en Toscane, et, à l’expiration de l’année de service féodal, il revient par Livourne, Gênes et Savone.

Il ne put longtemps jouir du repos que lui offrait son château solitaire des bords du lac. Appelé en Suisse pour calmer les agitations de la vallée du Rhône, il se rend, de là, dans le haut Piémont, où le réclament l’évêque de Verceil et les habitants de Bielle pour concilier leurs différends. L’heureux résultat de cette négociation lui amena l’acquisition du district de Bielle et de quelques villes voisines qui se donnèrent volontairement à lui. Peu après,