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régner là ou il n’y a que des compagnons et des frères[1]. »

Cet ordre, dont le but principal était le même que celui du Cygne noir, avait été placé, comme on le voit, sous les auspices de la religion. Il n’était point hors de propos de le relier à l’idée religieuse, pour lui donner plus de puissance sur les âmes altières et souvent haineuses des seigneurs appelés à en faire partie, qui devaient dorénavant regarder comme frère leur ennemi de la veille. Parmi les quinze premiers chevaliers, se trouvaient, entre autres, le comte de Genève et le seigneur d’Anthon, qui avaient guerroyé pendant de longues années contre le comte de Savoie, Antoine de Beaujeu, Hugues de Chàlons, Gaspard de Montmayeur, etc.

Par son testament, le Comte-Vert compléta son œuvre en fondant la chartreuse de Pierre-Châtel. Il ordonne que, dans le château qu’il possédait sur ce roc battu par les eaux fougueuses du Rhône, on établisse et construise un monastère en l’honneur de la bienheureuses Vierge Marie. « où, en souvenir de ses quinze joies, il y aura constamment quinze Pères chartreux qui y célébreront tous les jours l’office divin pour son salut et celui des autres chevaliers de l’ordre du Collier, passés, présents et à venir. Il donne à cette chartreuse le château de Pierre-Châtel et tout le territoire qui l’entoure, 1,000 florins de rente annuelle et, en outre, 1,000 florins de la chambre du pape, pour les dépensées occasionnées par l’installation de la communauté et par l’acquisition du mobilier du culte. De plus, suivant l’usage de cette époque, il confie à ces chartreux la construction d’un pont qu’ils jetteront sur le Rhône,

  1. C’était là une application de ce principe du régime féodal de n’être jugé que par ses pairs.