Page:Histoire de l'abbaye d'Hautecombe en Savoie.djvu/270

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 254 —

Les Anglais pressaient vivement le siège d’Ypres. L’arrivée du comte de Savoie les met en fuite ; repoussés jusque sur Bourbourg, ils sont vaincus encore, et Amédée VII leur donna, sous les murs de cette ville, une nouvelle preuve de sa valeur en terrassant dans une joute leurs trois plus vaillants chevaliers. Rentré dans ses États pour rétablir, sur le siège de Sion, Édouard de Savoie, il obligea les Valaisans, par la force des armes, à reconnaître de nouveau leur évêque, puis il se dirigea contre le marquis de Saluces qui lui refusait l’hommage.

Une troisième fois, il porta secours au roi de France. Celui-ci, voulant faire une descente m Angleterre, avait réuni ses troupes à l’Escluse, lieu de embarquement. Mais l’expédition n’ayant point eu lieu, Amédée retourne en Piémont, défait le marquis de Montferrat qui lui avait déclaré la guerre, traite avec lui et va prendre possession du comté de Nice, qui s’était spontanément donné à lui, de même que les vallées de Barcelonnette et de la Sure, les habitants de ces localités voulant ainsi mettre fin à l’abandon dans lequel les laissaient et aux déprédations que leur causaient les compétitions des d’Anjou et des Durras.

L’année suivante, blessé par une chute de cheval pendant qu’il chassait le sanglier dans la forêt de Lonnes, près de Thonon, il mourait quelque temps après (1er novembre 1391) dans son château de Ripailles, par suite de l’application sur la nuque d’un cataplasme toxique. Un mystère règne encore sur les causes de cet étrange empoisonnement.

L’opinion publique s’en émut vivement alors. On accusa l’ignorance du médecin Jean de Granville, qui avait ordonné le médicament, la mauvaise foi de l’apothicaire Pierre de Lompnes, qui l’avait composé : les soupçons se portèrent